Texte fondateur du Frère Michel concernant la nécessité et l’effet du pardon
Texte de la fin de l’entré 0087, « La seule crise : la crise de l’homme » du 31-10-08
« Il nous faut innover en action.
Nous devons inspirer à l’homme des actions, qu’il ait envie d’essayer, de reproduire à notre suite, et qui puissent, ce faisant, le convaincre que l’avenir et même le bonheur et la réussite terrestres sont dans le bien. Nous devons démontrer à l’homme que la foi et l’espérance donnent force et lucidité, que l’amour, le pardon, la paix, la liberté et l’intelligence spirituelles sont les composants de la vertu, seule dynamique lucide d’une vie réussie… et d’un monde changé (Rév d’Arès 28/7).
Le monde reçoit mal le message de La Révélation d’Arès, quand il n’est fait que de mots. C’est parce que, comme disait le savant Jean Rostand, « la vérité a forcément un goût de vengeance. » Les mots crus de la vérité font reculer beaucoup, sauf quelques hommes d’exception, les rares qui voient au-delà des mots. Or, le petit reste que le Père nous envoie rassembler (Rév d’Arès 24/1) n’est pas fait d’hommes d’exception, mais de pauvres types comme vous et moi. C’est si le mot « vengeance » qu’utilisait Rostand perd le sens de représailles — de vengeance sans fin (27/9) — et prend le sens de démenti démontré, prouvé, bref, d’action et de fait conduisant au bien et au bonheur, que notre message passe.
Être compris du monde devrait être de plus en plus facile, parce qu’il y a de moins en moins de blocs opposés. La société devient un patchwork. Tout se mélange dans le monde : les races, les éducations, les métiers, etc., ce qui est bien, parce que de cette façon les préjugés et les privilèges s’évanouissent. On ne peut pas empêcher ce mélange. C’est une grande espérance. »
Textes du commentaire 04Nov08 87C20 :
« En ces temps de crise, il faudra redoubler de vigilance pour que les scandalisés et les spoliés de toutes sortes ne soient pas récupérés une nouvelle fois par les idéologies religieuses et politiques. Encore qu’on ait plus à craindre à présent de la politique que de la religion.
Comme vous dites, « la vraie crise est la crise de l’homme », et je me permettrai d’ajouter : une crise de repère, pire une crise de confiance profonde. Or, sans confiance, pas d’espoir. Et sans espoir, pas de changement (Rév d’Arès 28/7).
Il est malheureusement à craindre que des spoliateurs de liberté et d’espoir n’échafaudent de sombres théories, une fois le pire passé. J’espère me tromper, mais l’histoire nous l’enseigne, comme par exemple le début du nazisme à la sortie de la crise de 1929, où le peuple Allemand s’est tourné vers son bourreau, l’idéologie nazie.
À cause des religions et des politiques, l’homme a perdu foi en Dieu, en Sa Parole, en Ses Messagers. L’homme ne sait plus où Je suis, nous dit [le Créateur par les lèvres de] Jésus. Il ne sait plus que le Créateur lui a donné la Terre pour son bonheur et son épanouissement, pour qu’il s’y construise une âme comme on construit un vaisseau pour rejoindre le bon port : les Montagnes Saintes (le Paradis des Catholiques, le Nirvana des Bouddhistes, le dernier Ciel des Musulmans, etc.).
Les religions se sont approprié cet espoir pour leur compte, alors qu’il est donné à tous sans distinction et pour la simple peine d’une pénitence (nécessaire à cause de notre condition d’homme) qui peut être joie et fête (Rév d’Arès 30/11) pour celui qui a le cœur léger et est empreint d’humilité. La politique a germé sur la désillusion des peuples et à cause des mensonges et de l’hypocrisie des religions.
Il faudra couper les racines de ce mal, pour que l’histoire ne se répète pas et que le Jour de Dieu arrête de reculer sans cesse (Rév d’Arès 22/13, 30/4). Nul besoin d’actions violentes, simplement faire passer le message, suivant sa sensibilité et ses moyens.
Certains choisiront la musique, d’autres des poèmes, d’autres encore des discours pour ceux qui ont de l’assurance en public (car ce n’est pas donné à tout le monde), certains choisiront un blog ou de l’humour ou les deux, d’autres par le biais de leur profession ou de leur période d’inactivité professionnelle essayeront de réveiller le spirituel enfoui sous le bruit. Les seules limites sont celles de l’imagination !
Je crois que les moyens viennent naturellement avec le temps à tout un chacun, s’il en éprouve le désir sincère et s’il sait être patient, car il ne sert à rien de vouloir forcer le cours des choses, le résultat est souvent contraire au but recherché. Patience et longueur de temps et l’action viendra d’elle-même.
Olivier G. »
Réponse de frère Michel :
« Ce que vous préconisez n’est pas l’action, mais l’extension de la variété des moyens de répandre l’espoir en mots. C’est ce que nous faisons déjà.
L’action, c’est la démonstration concrète de la valeur de ces mots. Il faut ré-imaginer l’action qui, à l’heure actuelle, n’existe à peu près plus que sous forme de charité humanitaire. Nous y avons ajouté la pénitence et c’est déjà considérable, mais les bienfaits de cette pénitence ne sont pas assez souvent démontrés par des actions.
Par exemple : La pénitence comporte le pardon. Il faut donc pardonner, pardonner à tout le monde, y compris aux grands fauteurs de mal, mais comment démontrer que le pardon est sagesse — et humanité au même titre que de nourrir l’affamé — et qu’il faut en courir le risque, si ce risque est fait du souci d’encadrer le pardonné, de l’aider à évoluer vers le bien, le respect des autres, etc. ? Oui, comment dans un système où la loi est encore écrite et appliquée dans un esprit de menace, de punition, de vengeance ? C’est évidemment une entreprise très, très difficile, parce qu’elle va contre les idées reçues, contre les peurs, contre la barbarie de notre système, contre les bonnes intentions vite découragées sous le prétexte que c’est « souhaitable mais inapplicable » ? Que vaut pour nous La Révélation d’Arès, si nous la déclarons inapplicable ?
J’avais au début des années 80 préconisé une Association « Le Pardon comme Reconstruction de l’Homme » pour visiter les prisons ou du moins revendiquer inlassablement le droit de le faire, mais aussi exercer une influence sur les juristes, les législateurs, etc. À l’époque j’étais préoccupé par d’autres urgences internes à l’assemblée et j’avais peu de temps pour m’occuper de cela, mais mes frères de l’époque étaient très sceptiques, aucun d’eux ne m’a proposé de s’occuper de ce projet, qui termina dans l’oubli, comme « Sentiers ».
J’ai toujours été convaincu que Mr George W. Bush aurait fait l’économie de la guerre et des malheurs de la guerre et se serait grandi, lui un chrétien baptiste pratiquant, s’il avait lancé sur les ondes cet appel pathétique après l’attentat du 11 Septembre 2001 : « Qui que vous soyez, nous vous pardonnons cet acte affreux, parce que Dieu recommande le pardon dans la Bible comme dans le Coran. Mais qu’avons-nous fait qui justifie ces meurtres ? Si nous avons fauté envers vous, nous vous demandons pardon, mais quoi qu’il en soit, rencontrons-nous, parlons, parlons les yeux dans les yeux, pour que vous compreniez que cet acte épouvantable ne vous est d’aucun avantage, ne rapportera rien à personne, ni de juste ni d’utile, et qu’il ne soit pas répété et ne nous contraigne pas à une défense légitime violente. »
Pour en revenir à mon projet d’association pour le pardon, ils étaient si sceptiques, mes frères, que je me souviens d’une soirée, lors d’un Pèlerinage, où j’avais réuni dans l’exèdre, après la prière, une quarantaine de pèlerins pour parler de la peine de mort, qui était encore en vigueur en France. Je voulais les encourager à s’engager dans un combat pour le pardon des grands criminels, l’effort de les aimer, de les guérir, de les accompagner dans leur réhabilitation. Bref, il était temps de faire faire un grand saut à l’humanité après cet événement extraordinaire : La Révélation d’Arès. Eh bien, parmi ces quarante pèlerins, nous n’étions que deux, moi-même et notre frère Claude de Suisse, pour démontrer la barbarie de la peine de mort. Je disais : « On ne tue pas un barbare sous prétexte qu’il est barbare. On le civilise. Si on refuse de le civiliser, c’est qu’on est hanté par le désir malsain de la vengeance, doublé du sentiment qu’on lui est supérieur, qu’on est meilleur que lui. Cela va contre la Parole du Père (Rév d’Arès 27/9). »
Les temps de comprendre cette Parole et de l’appliquer sont peut-être venus après 25 ans de pénitence ?
Mais ce n’est qu’un exemple parmi d’autres, du reste plus facile à mettre en œuvre sûrement. Cherchez et vous verrez que les idées ne manquent pas, même au plan strictement spirituel.
Non, les mots ne suffisent pas. La pénitence personnelle est une base active, une action incontournable, mais elle-même ne suffit pas, il faut aussi s’engager dans des actions plus visibles, susceptibles d’amener le public, lui aussi, à une forme de pénitence, pour amener le public à développer la polone (Rév d’Arès xxxix/12-13) parallèlement à chacun de nous qui développe son âme (Rév d’Arès V.17). »